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L'énorme écho rencontré par le décès à la suite d'un canular téléphonique d'une infirmière de l'hôpital londonien dans lequel était traitée l'épouse du prince William souligne les limites de ce trait si particulier des Britanniques, l'humour. Rappelons les faits. Une animatrice d'une radio australienne a appelé mardi 4 décembre l'hôpital King Edward VII de Londres, où se trouvait l'ex-Kate Middleton en vue d'obtenir des détails confidentiels sur son état de santé. En se faisant passer pour la reine d'Angleterre, elle a réussi à parler à l'infirmière en charge de la duchesse de Cambridge.
Mais cette blague a tourné à la tragédie quand Jacinta Saldanha, l'employée qui avait réceptionné et transferé l'appel, a été retrouvée morte dans son appartement. Il s'agirait d'un suicide – les résultats de l'autopsie sont attendus ce week-end. On ne badine pas avec la dignité de la monarchie britannique, pourtant l'une des institutions les plus anachroniques au monde. Si, à la télévision ou sur les planches, les comiques imitent souvent la voix nasale, les fins de phrase inaudibles et l'anglais sans accent dit Queen's English de la reine Elizabeth II, c'est toujours fait avec tact. Si la reine peut faire rire à l'écran, au théâtre ou dans les pubs, il demeure des barrières à ne pas franchir. Peut-être parce qu'elle incarne l'Etat. David Walliams, le co-animateur de la comédie satirique télévisée Little Britain , un show très irrévérencieux, qu'adore le prince William a confié au Monde qu'il n'était pas question d'y brocarder la reine : "On a essayé un sketch où l'on voit deux retraités vomir sur la reine. Cela ne faisait rire personne. La scène a été abandonnée. Je ne suis pas royaliste mais il faut éviter le mauvais goût." PROBLÈME DE LA SÉCURITÉ DE LA FAMILLE ROYALE La répulsion du public est aussi en partie liée à la nationalité australienne des deux disc-jockeys. La farce ne fait que confirmer l'image négative qu'ont bon nombre de Britanniques du sens de l'humour brut de décoffrage des sujets de Sa Majesté habitant aux Antipodes. A leurs yeux, frimeurs, buveurs invétérés et rebelles aux fastes et pompes de leur monarchie, les "cousins" du pays-continent sont franchement exaspérants. La reine est chef d'Etat en titre de ce pays du Commonwealth.Beaucoup voient dans cette attaque un complot des républicains, menés par le magnat Rupert Murdoch, natif de l'île, qui entendent couper le cordon ombilical avec l'ancienne puissance tutélaire. Se pose aussi le problème de la sécurité des membres de la famille royale à l'heure de la menace terroriste. Les procédures normales veulent que la souveraine passe par son secrétaire privé qui contacte le garde de corps du Royalty Protection Department en utilisant le nom de code d'Elizabeth II, "Purple One". Aussi, pour prendre des nouvelles de la santé de sa bru victime de nausées, Sa Majesté n'avait qu'à appeler son petit-fils William, l'époux de Kate, sur son portable. La souveraine se déplace toujours avec son téléphone portable dissimulé dans son sac mais qu'elle n'utilise jamais en public. Son numéro est un secret d'Etat connu seulement du 10 Downing Street (résidence du premier ministre), des principaux membres de la famille et du manageur des écuries royales. Enfin, au-delà du drame humain d'une blague qui a mal tourné, cette affaire met en exergue une véritable cassure. D'un côté, une opinion déboussolée par la crise des institutions – Parlement, Eglise, City, médias – se sent rassurée par une royauté immuable, pilier dans la tourmente actuelle. Le parcours sans faute pendant plus de soixante ans de la reine, âgée de 86 ans, sa dignité, son dévouement à la fonction et l'intelligence de son rôle de souveraine constitutionnelle contraste avec les excès des médias, si peu respectueux des libertés fondamentales, dont le droit à la vie privée. On l'oublie trop souvent devant le déballage de l'affaire des écoutes clandestines du News of the World, c'est le piratage des boîtes vocales de collaborateurs des princes Charles et William qui a déclenché le scandale Murdoch. A l'heure du rapport Leveson sur les pratiques des médias britanniques et de la création d'un organisme "musclé" de contrôle de la presse écrite, ce nouveau scandale met aussi en exergue la difficulté d'étendre le carcan réglementaire à la presse étrangère et à l'Internet. |
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