Manuscrit A Folio 62 Recto.
mais il nous fut impossible d'en avoir d'autre qu'une petite pierre rouge qui se détacha d'une riche mosaïque dont l'origine remonte au temps de Ste Agnès et qu'elle a dû souvent regarder. N'était-ce pas charmant que l'aimable Sainte nous donnât elle-même ce que nous cherchions et qu'il nous était interdit de prendre ?... J'ai toujours regardé cela comme une délicatesse et une preuve de l'amour avec lequel la douce Ste Agnès regarde et protège ma Mère chérie !... Six jours se passèrent à visiter les principales merveilles de Rome et ce fut le septième que je vis la plus grande de toutes : " Léon XIII... " Ce jour, je le désirais et le redoutais en même temps, c'était de lui que ma vocation dépendait, car la réponse que je devais recevoir de Monseigneur n'était pas arrivée et j'avais appris par une lettre de vous, Ma Mère, qu'il n'était plus très bien disposé pour moi, aussi mon unique planche de salut était la permission du Saint Père... mais pour l'obtenir, il fallait lui demander, Il fallait devant tout le monde oser parler ; " au Pape, " cette pensée me faisait trembler ; ce que j'ai souffert avant l'audience, le Bon Dieu seul le sait, avec ma chère Céline, Jamais je n'oublierai la part qu'elle a prise à toutes mes épreuves, il semblait que ma vocation était la sienne. (Notre amour mutuel était remarqué par les prêtres du pèlerinage : un soir, étant en société si nombreuse que les sièges manquaient, Céline me prit sur ses genoux et nous nous regardions si gentiment qu'un prêtre s'écria : " Comme elles s'aiment ! Ah ! jamais ces deux soeurs ne pourront se séparer ! " oui, nous nous aimions, mais notre affection était si pure et si forte que la pensée de la séparation ne nous troublait pas, car nous sentions que rien, même l'océan, ne pourrait nous éloigner l'une de l'autre... Céline voyait avec calme ma petite