Manuscrit A Folio 12 Recto.
Oh ! véritablement tout me souriait sur la terre : je trouvais des fleurs sous chacun de mes pas et mon heureux caractère contribuait aussi à rendre ma vie agréable, mais une nouvelle période allait commencer pour mon âme, je devais passer par le creuset de l'épreuve et souffrir dès mon enfance afin de pouvoir être plus tôt offerte Jésus. De même que les fleurs du printemps commencent à germer sous la neige et s'épanouissent aux premiers rayons du Soleil, ainsi la petite fleur dont j'écris les souvenirs a-t-elle dû passer par l'hiver de l'épreuve... Tous les détails de la maladie de notre mère chérie sont encore présents à mon coeur, je me souviens surtout des dernières semaines qu'elle a passées sur la terre ; nous étions, Céline et moi, comme de pauvres petites exilées, tous les matins. Madame Leriche (NHA 201) venait nous chercher et nous passions la journée chez elle. Un jour, nous n'avions pas eu le temps de faire notre prière avant de partir et pendant le trajet Céline m'a dit tout bas : " Faut-il le dire que nous n'avons pas fait notre prière ? ... " " Oh ! oui " lui ai-je répondu ; alors bien timidement elle l'a dit à Madame Leriche, celle-ci nous a répondu " Eh bien, mes petites filles, vous allez la faire " et puis nous mettant toutes les deux dans une grande chambre elle est partie... Alors Céline m'a regardée et nous avons dit : " Ah ! ce n'est pas comme Maman... toujours elle nous faisait faire notre prière !... " En jouant avec les enfants, toujours la pensée de notre Mère chérie nous poursuivait ; une fois Céline ayant reçu un bel abricot se pencha et me dit tout bas : " Nous n'allons pas le manger, je vais le donner à Maman. " Hélas ! cette pauvre petite Mère était déjà trop malade pour manger les fruits de la terre, elle ne devait plus se rassasier qu'au Ciel de la gloire de Dieu et boire avec Jésus le vin mystérieux dont Il parla dans sa dernière Cène, disant qu'Il le partagerait avec nous dans le royaume de son Père. (NHA 202) (Mt 26,29) La cérémonie touchante de l'extrême-onction s'est aussi imprimée en mon âme ; je vois encore la place où j'étais à côté de Céline, toutes les cinq nous étions par