L'enjeu pour le premier ministre Elio Di Rupo. Le premier ministre fédéral a bien compris que l'élection de dimanche – la première depuis la difficile mise en place de son gouvernement, en novembre 2011 – peut avoir des conséquences redoutables pour sa coalition. Les trois partenaires néerlandophones de celles-ci sont en difficulté. Les partis chrétien démocrate (CD&V), libéral (Open VLD) et socialiste (Sp.a) pourraient, en effet, être laminés par l'Alliance néoflamande (NVA) de Bart De Wever. Ce parti, qui prône l'indépendance de la Flandre – avec l'étape intermédiaire d'un confédéralisme qui serait imposé aux francophones –, a drainé quelque 28 % des suffrages lors des législatives de 2007. Son implantation locale est faible mais il devrait, à coup sûr, progresser sur tout le territoire flamand. M. De Wever a habilement transformé les municipales en enjeu fédéral avec son slogan "Votez local, pensez fédéral". Aidé par des patrons qui ont dénoncé récemment la politique "marxiste" du gouvernement du socialiste wallon Elio Di Rupo, le leader autonomiste espère déstabiliser ses rivaux flamands et, en tout cas, se poser comme le recours en vue des législatives de 2014.
Ses atouts sont son habileté politique, ses talents de communicateur mais aussi l'exaspération du Flamand moyen face à l'augmentation des charges et des impôts. M. De Wever exploite habilement la situation en dénonçant la mainmise du PS wallon et annonce une "révolte démocratique" si la situation perdure. Face à lui, les présidents des formations traditionnelles de Flandre semblent sans ressource et hésitent à dénoncer son but ultime : l'éclatement du pays... voulu par une infime minorité de l'électorat de la NVA !