Reportage."Non, mais vous avez vu ? Les rues sont impraticables ! Il y a des immondices partout, c'est dégoûtant." Suzie Greiss n'habite pourtant pas le quartier le plus défavorisé du Caire. Résidant dans la zone bourgeoise d'Héliopolis, la directrice de l'Association pour la protection de l'environnement (APE) en Egypte ne supporte plus la saleté qui règne depuis quelques années dans les rues de la capitale égyptienne.
En 2012, le président déchu Mohamed Morsi en avait fait un argument pour sa campagne électorale, se donnant cent jours pour nettoyer la ville. Sans succès. "Il n'y a qu'une seule solution : remettre les zabbalines au cœur du processus de collecte et de traitement des déchets", affirme Suzie Greiss.
Chrétiens originaires de Haute-Egypte, les zabbalines, surnommés "les chiffonniers du Caire", se sont installés en périphérie de la ville dans les années 1940. Issus de milieux extrêmement pauvres, ils ont organisé leur subsistance autour de la collecte des déchets, avant de se lancer dans le recyclage au début des années 1980. Avec l'aide d'ONG et notamment de l'APE, ils se sont dotés de machines pour recycler les matières en plastique, le carton, le papier et le métal. Les déchets organiques étaient réservés aux cochons que chaque famille élève dans l'arrière-cour de sa maison. Les excréments d'animaux partaient dans une usine de compost en banlieue du Caire pour y être transformés et vendus aux agriculteurs