Angela Merkel, le 4 décembre à Hanovre. AP Photo/Markus Schreiber
Rien n'est laissé au hasard dans un congrès de la CDU. Que la représentation du drapeau allemand, placé à droite de la tribune, soit plus grande que celle du drapeau européen à ses côtés, constitue évidemment un symbole. S'il y avait un doute, le discours prononcé par Angela Merkel en ouverture du congrès de Hanovre le 4 décembre l'a levé : sur une heure d'intervention, la chancelière n'a consacré que 8 minutes à l'Europe. Rien à voir avec le précédent congrès. A Leipzig en novembre 2011, la chancelière avait longuement exposé sa vision - ambitieuse - d'une Europe politiquement intégrée. Mais à dix mois des prochaines élections (le 22 septembre 2013), Angela Merkel a manifestement choisi de centrer son intervention sur ce qui intéresse les électeurs : leur vie quotidienne, leur avenir et celui de leurs enfants. Et donc priorité à l'Allemagne.
"Une Allemagne forte. Des chances pour tous !" Telle est la devise du congrès et la toile de fond du discours de la chancelière.
Or Angela Merkel estime ne pas avoir à rougir de son bilan.
"Nous sommes le gouvernement qui a le plus de succès depuis la réunification", a-t-elle martelé sous les applaudissements des 1001 délégués du parti chrétien-démocrate. Pour justifier cette phrase qui doit faire grincer des dents du côté de l'ancien chancelier Helmut Kohl, Angela Merkel a insisté sur les création d'emplois (qui n'ont jamais été plus nombreuses), sur la faible progression des dettes (avec un budget équilibré dès 2012), sur les milliards consacrés à la formation des jeunes, sur la réforme de la Bundeswehr, l'armée allemande (avec la fin de la conscription) et sur la sortie du nucléaire,
"projet majeur d'une génération" mais qui inquiète nombre d'Allemands, notamment dans l'électorat conservateur.
Mais la chancelière qui préside la CDU depuis douze ans le sait mieux que quiconque. On ne gagne pas une élection sur un bilan. Pour inciter les électeurs à de nouveau voter pour elle alors qu'elle dirige le pays depuis déjà sept ans, Angela Merkel a mis en avant ses objectifs en matière sociale.
"Chaque enfant" doit avoir ses chances, chaque mère de famille doit pouvoir au moment de sa retraite, recevoir ce qui lui est dû, chaque retraité qui a travaillé doit avoir droit à plus que le minimum-vieillesse. L'Allemagne va bien, les Allemands doivent en profiter.
"Une Allemagne forte. Des chances pour tous !" Cela ne va pas de soi dans un pays où sept millions de salariés sont considérés comme pauvres. D'où l'insistance d'Angela Merkel pour mettre en place un salaire minimum, ce à quoi s'oppose le parti libéral, partenaire de la CDU à Berlin. Ce faisant, Angela Merkel marche un peu plus sur les plate-bandes du Parti social-démocrate (SPD). Pour se démarquer d'un parti avec lequel elle n'exclut pas de gouverner après les élections de septembre 2013 - même si elle dit ne pas le souhaiter - la chancelière a insisté à de multiples reprises sur les
"valeurs chrétiennes" de la CDU qui doivent être mises, a-t-elle affirmé
"au service de tous les Allemands".
Durant son intervention, Angela Merkel a été moins applaudie qu'en 2011. Seul son hommage aux PME allemandes créatrices d'emplois - une figure imposée dans tous les congrès - a soulevé un certain enthousiasme. Cela n'a pourtant pas empêché les militants de l'applaudir durant au moins sept minutes à la fin de son intervention. Exactement la durée prévue avant même le congrès. Décidément, Angela Merkel ne laisse rien au hasard. Trois heures après son discours, Angela Merkel a été réélue à la présidence de la CDU avec le score historique de 97,94% des voix. 7% de mieux que lors de sa précédente élection