Manuscrit A Folio 81 Verso.
que je puisse à son exemple faire des poésies, composer des pièces qui furent trouvées jolies... De même que Salomon se tournant vers les ouvrages de ses mains, où il avait pris une peine si inutile, vit que tout est vanité et affliction d'esprit, (Qo 2,11) de même, j'ai reconnu par EXPÉRIENCE que le bonheur ne consiste qu'à se cacher, à rester dans l'ignorance des choses créées. J'ai compris que sans l'amour, toutes les oeuvres ne sont que néant, même les plus éclatantes, comme de ressusciter les morts ou de convertir les peuples... (1Co 11,1-4) Au lieu de me faire du mal, de me porter à la vanité, les dons que le Bon Dieu m'a prodigués (sans que je les lui demande) me portent vers Lui, je vois que Lui seul est immuable, que Lui seul peut remplir mes immenses désirs... Il est encore d'autres désirs d'un autre genre, que Jésus s'est plu à combler, désirs enfantins semblables à ceux de la neige de ma prise d'habit. Vous savez, ma Mère chérie, combien j'aime les fleurs ; en me faisant prisonnière à quinze ans, je renonçai pour toujours au bonheur de courir dans les campagnes émaillées des trésors du printemps ; eh bien ! jamais je n'ai possédé plus de fleurs que depuis mon entrée au Carmel. .. Il est d'usage que les fiancés offrent souvent des bouquets à leurs fiancées, Jésus ne l'oublia pas, il m'envoya à foison des gerbes de bluets, grandes pâquerettes, coquelicots, etc. toutes les fleurs qui me ravissent le plus. Il y avait même une petite fleur appelée la Nielle des blés, que je n'avais pas trouvée depuis notre séjour à Lisieux, je désirais beaucoup la revoir, cette fleur de mon enfance cueillie par moi dans les campagnes d'Alençon ; ce fut au Carmel qu'elle vint me sourire et me montrer que dans les plus petites choses comme dans les grandes, le Bon Dieu donne le centuple dès cette vie aux âmes qui pour son amour ont tout quitté. " (NHA 820) (Mt 19,29) Mais le plus intime de mes désirs, le plus grand de tous, que je pensais ne jamais