Manuscrit A Folio 24 Verso.
disait : " Ma chérie, embrasse ta tante. " Une fois la poupée fut si empressée de m'embrasser tendrement qu'elle me passa ses deux petits bras dans le nez... Céline qui ne l'avait pas fait exprès me regardait stupéfaite, la poupée pendue au nez ; la tante ne fut pas longtemps à repousser les étreintes trop tendres de sa nièce et se mit à rire de tout son coeur d'une aussi singulière aventure. Le plus amusant était de nous voir acheter nos étrennes, ensemble au bazar, nous nous cachions soigneusement l'une de l'autre. Ayant dix sous dépenser il nous fallait au moins cinq ou six objets différents, c'était à laquelle achèterait les plus belles choses. Ravies de nos emplettes, nous attendions avec impatience le premier jour de l'an afin de pouvoir nous offrir nos magnifiques cadeaux. Celle qui se réveillait avant l'autre s'empressait de lui souhaiter la bonne année, ensuite on se donnait les trésors : et chacune s'extasiait sur les trésors donnés pour dix sous !... Ces petits cadeaux nous faisaient presque autant de plaisir que les belles étrennes de mon oncle, d'ailleurs ce n'était que le commencement des joies. Ce jour-là nous étions vite habillées et chacune se tenait au guet pour sauter au cou de Papa ; dès qu'il sortait de sa chambre, c'étaient des cris de joie dans toute la maison et ce pauvre petit père paraissait heureux de nous voir si contentes... les étrennes que Marie et Pauline donnaient à leur petites filles n'avaient pas une grande valeur mais elles leur donnaient aussi une grande joie... Ah ! qu'à cet âge nous n'étions pas blasées, notre âme dans toute sa fraîcheur s'épanouissait comme une fleur heureuse de recevoir la rosée du matin... le même souffle faisait balancer nos corolles et ce qui faisait de la joie à